samedi 21 février 2009

Question de " feeling "

Le sujet de l'intuition vous faire sourire ? Pourtant, plus d'une fois sur deux, les cadres de tous les niveaux y ont recours lors de la prise de décision. Ils n'ont pas le choix. Tout se passe trop vite. S'ils devaient soupeser les " pour " et les " contre " chaque fois qu'ils doivent trancher, les entreprises seraient bloquées. Sous la contrainte du temps, les cadres suivent leur instinct.

Comme le montre notre reportage, de nombreux décideurs se fient à leur intuition de manière délibérée. Ils pourraient fonder leurs décisions strictement sur la raison. Mais au bout du compte, c'est leur sixième sens qui vient trancher. Le " sixième sens " ? Je vous mets au défi de trouver une notion pareille dans le corpus des écoles de commerce, où l'on préfère enseigner les méthodes d'analyse.

Décider, ce n'est pas seulement choisir entre deux options. C'est vouloir agir sur le cours des choses. L'analyse est bien pratique pour comprendre le passé et pour brosser le portrait de la situation présente. Si elle peut guider dans l'action, elle ne peut pas garantir de résultats. Pas plus, du moins, que l'intuition.

Je reçois plein de prévisions économiques appuyées sur de savantes analyses. Je les regarde distraitement. C'est compliqué, ennuyeux, et à côté de la plaque une fois sur deux. Au début de l'année 2008, aucun économiste n'a su prédire que nous allions toucher le fond. A posteriori, nous comprenons ce qui s'est passé, mais visiblement, aucune analyse économique, ni prévision, n'a su mener à une action adéquate. Cela n'empêche pas l'industrie de la prévision de rester florissante. Des experts de tous poils se prononcent sans arrêt sur d'innombrables sujets. Nos gouvernements se fient à eux pour élaborer leur budget et leurs politiques. Les entreprises fondent une partie de leur stratégie d'affaires sur l'avis des traqueurs de tendances. Nous-mêmes allons investir et dépenser en fonction de ce que nous disent les spécialistes.

Dans les décisions que nous prenons chaque jour au bureau, particulièrement nous les cadres, nous entretenons un préjugé favorable à l'égard de l'analyse. Nous lui attribuons des vertus telles la rigueur et la fiabilité. Mais comme l'analyse peut mener à de retentissants échecs, de nombreux patrons ont décidé d'y ajouter leur feeling. Les plus belles réussites se trouvent souvent dans les organisations dirigées par des leaders de ce genre.

Erreurs d'experts

Le psychologue américain et professeur en leadership Philip Tetlock a analysé 80 000 prévisions formulées par des experts, sur 20 ans. Sa conclusion : n'importe qui est aussi capable qu'un expert de faire des prévisions, car leur taux d'exactitude est de moins de 50 %.

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